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  • : Blog de dominique Baert
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3 avril 2007 2 03 /04 /avril /2007 07:01

En politique, ceux qui me connaissent le savent : si je suis un homme de convictions, et elles sont solides en moi, je suis volontiers connu comme pragmatique et réaliste. On me reconnaît homme d'écoute et tolérant, et ne suis coutumier ni des invectives, ni des caricatures.

Mais là, trop c'est trop ! Nicolas Sarkozy est un danger pour la démocratie, et je veux porter cette idée et dénoncer avec force les excès de ce personnage.

Cela a peut-être échappé à bon nombre de nos concitoyens, mais deux événements récents me révulsent. Certains médias s'en sont faits l'écho (dont le Canard Enchaîné), et cela mérite en effet d'être rapporté largement.

D'abord, cet incident où, lors d'une émission le 18 mars sur France 3, devant enregistrer France Europe Express, l'encore ministre N. Sarkozy fait une colère homérique parce qu'une loge spéciale n'a pas été apprêtée pour son maquillage et que personne d'assez haut placé dans la direction n'est là pour l'accueillir comme il estime que cela devrait être !

Autre "drame", en direct sur France 3 Nord – Pas-de-Calais, où, interrogé au journal régional à Lille (quelques instants avant de tenir meeting), le candidat-ministre-président de l'UMP critique expressément le reportage qui vient de lui être présenté… tout simplement parce que ledit reportage évoque ce qui a bien été un dossier "chaud" de son ministère : celui de la confection des passeports biométriques à l'Imprimerie nationale de Douai. Et la journaliste d'être vertement rabrouée, et en pleine émission ! Pourquoi ? Parce que le reportage ne disait pas ce que le candidat-ministre aurait voulu qu'il dise !

Et dans les deux cas, le même Nicolas Sarkozy d'exploser, et de proclamer que ces journalistes ne perdent rien pour attendre, et qu'il réglera leur sort dès qu'il sera élu !

C'est grave. Très grave.

Les journalistes de France 3 ont raison de protester : voilà pourquoi je mets leur communiqué ci-après en copie.

N. Sarkozy rêve-t-il d'une presse aux ordres, de journalistes à la botte, d'articles de presse, de journaux directement écrits par le pouvoir, rêve-t-il du retour de l'ORTF de De Gaulle, veut-il pour notre pays du retour de la censure et de commissaires politiques à ses ordres ?

Attention, il y a danger !

Une fois, on peut (peut-être) se dire que c'est l'énervement de la campagne ! Deux fois, ce n'est plus possible. Ces crises d'autorité sont le signe d'une pensée plus profonde : « Si vous n'êtes pas idolâtre, vous êtes contre moi! » C'est "servez-moi ou disparaissez !"

Ce n'est plus de la démocratie cela. L'honneur d'une démocratie, c'est de savoir respecter sa presse et ses journalistes. Et s'il le faut, de les défendre !
"Sarko facho" ? C'est un slogan ! Et si c'était une réalité ?

Communiqué de la Société des Journalistes de France 3 :

Nicolas Sarkozy se verrait-il déjà à l'Elysée ?

 

Trépigne-t-il déjà en s'imaginant bientôt disposer des pleins pouvoirs ? 

Sans doute grisé par les sondages qui le placent en tête du premier tour, le candidat UMP s'est récemment laissé aller à une petite crise d'autorité dans les locaux de France 3. Une sorte de caprice régalien que l'on croyait appartenir à d'autres temps, ceux de la vénérable ORTF. 
M. Sarkozy a en effet menacé de « virer » notre direction. Comme ça, sur un coup de tête. Parce qu'elle n'a pas daigné lui dérouler le tapis rouge et accourir immédiatement à sa rencontre lorsqu'il est venu, le 18 mars dernier, participer à l'émission France Europe Express, présentée par Christine Ockrent.

A peine arrivé, Monsieur le Ministre-candidat se laisse d'abord aller à quelques grossièretés, estimant que cette émission « l'emmerde » et qu'il n'a pas envie de la faire !

Ensuite, le voici vexé de devoir attendre dans les couloirs de France 3 pour être maquillé, d'autres invités occupant déjà les lieux (et oui, France 3 ne dispose que d'une salle de maquillage). Coupable de ce « crime de lèse-Sarkozy »,  voici notre direction sur la sellette. «Toute cette direction, il faut la virer », a lâché  le candidat UMP, comme le rapporte le Canard Enchaîné du 21 mars 2007. « Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder».
Les Français sont désormais prévenus ! L'une des priorités de Nicolas Sarkozy s'il est élu président de la République sera de couper des têtes à France 3. A la trappe ces directeurs qui tardent à exécuter les courbettes.

Le Ministre-candidat avait déjà habitué notre rédaction à ses poses agacées, à ses humeurs dans nos locaux, face à une rédaction qui ne lui semble manifestement pas suffisamment docile.

Comme cette récente provocation gratuite à l'adresse d'un journaliste du service politique « ça ne doit pas être facile de me suivre quand on est journaliste de gauche ! ». Désormais c'est à la direction qu'il veut s'en prendre ?
La Société des Journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne peut qu'être scandalisée par une telle attitude de la part d'un candidat à la plus haute magistrature de France. Nous nous inquiétons que M. Sarkozy puisse afficher sans aucune gêne un tel mépris pour l'indépendance des chaînes de service public.
Non, monsieur Sarkozy, les journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne sont pas et ne seront jamais vos valets. Ils résisteront à toute menace pesant sur leur indépendance. Si nous devons des comptes, ce n'est pas à un ministre-candidat, mais aux millions de téléspectateurs, qui regardent chaque jour nos journaux d'information. Par respect pour eux, pour leur intelligence, nous n'accepterons jamais aucune forme de mise sous tutelle politique. Ni de votre part, ni de la part d'aucun autre candidat.
A bon entendeur.

L
a Société des Journalistes de France 3. Le 23 mars 2007.

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