Ce dimanche soir, comment ne pas reconnaître être sonné, abasourdi par les résultats électoraux ? Dès la première centaine, dès le premier bureau, le ton est donné : il y a un vainqueur et des perdants ! Et on a beau s’être préparé à de tels résultats contrastés (annoncés à force de sondages ces dernières semaines), les évolutions sont quand même plus prononcées qu’envisagées (elles aussi malheureusement prévisibles globalement) du fait d’une très forte abstention qui, de ce fait amplifie dans les résultats, en pourcentage, les variations des nombres de voix.
Là d’ailleurs est la clé de l’analyse du scrutin, en France comme à Wattrelos : qui s’est abstenu ? Quelle tranche d’âge, quel électorat ? L’autre élément de réflexion est ce que depuis l’annonce des premiers résultats, nous entendons sur les radios de la part des électeurs concernés : pourquoi ils ont voté Le Pen ; ils ne s’en cachent pas !
Concernant l’abstention, c’est vrai qu’elle relativise considérablement les chiffres. Pour ces européennes 2014, à Wattrelos, la participation est à peine de 9 284 votants soit 31,5 % : c’est moins qu’en 2004 (9 941 votants)... mais surtout plus qu’en 2009 (8 607 votants).
Mais c’est bien moins qu’aux municipales 2014 (14 953 votants) ou aux législatives 2012 (14 752 votants), et considérablement moins qu’aux présidentielles 2012 (21 910 votants) !
Dès lors, même si je suis loin de le minimiser, je ne peux qu’observer que le résultat Le Pen est à mettre en relation avec cette participation faible des électeurs. Si la liste de Marine Le Pen fait 42,7 % des suffrages exprimés, et donc réalise 3 808 voix, notons d’abord que celles-ci ne se comparent qu’à 12,9 % des inscrits.
Notons surtout qu’à ces européennes 2014, ces 3 808 voix de Marine Le Pen sont très comparables au score du candidat FN aux municipales 2014 (3 637 voix) et aux législatives 2012 (3 620 voix). Elles sont surtout très inférieures au score de Marine Le Pen à Wattrelos au 1er tour de la présidentielle 2012 puisqu’elle avait alors obtenu 5 996 voix (soit 27,8 %).
Arithmétiquement donc, deux leçons s’imposent. La première, qui atténue le choc du résultat du scrutin, c’est que si le score du FN parait aussi haut, aussi assommant, c’est d’abord à cause de l’abstention qui gonfle le pourcentage car d’évidence, le FN a déjà mobilisé autant d’électeurs. La seconde, autre face de ce constat (et c’est moins rassurant), est que s’il y a eu mobilisation des électeurs lepénistes, cette mobilisation n’est pas complète : au vu du résultat de la présidentielle, il y a encore un réservoir de voix FN qui ne sont pas venues ce dimanche !
En revanche, l’électorat socialiste, c’est clair, ne s’est pas mobilisé ! Si aux municipales 2014, 7 623 électeurs et 7 592 au 1er tour des législatives se sont exprimés sur mon nom (et / ou l’équipe que je conduis), la liste Choisir notre Europe conduite par G. Pargneaux n’a réuni que 1 300 suffrages. Campagne socialiste médiocre, tête de liste dont la relation avec Wattrelos reste complexe, incidence déflagratrice de la problématique Roms, message national protestataire, identification décevante du bulletin de vote sont, entre autres, autant d’explications. Au demeurant, à cet égard, Wattrelos réalise un score socialiste (14,7 %), comparable au score national mais surtout supérieur au résultat du Nord (11,2 %).
Et contrairement au national, et à bien des communes, la liste PS est ici en deuxième position devant l’UMP.
Ces chiffres m’invitent à trois constats. Le premier, c’est que le PS, les socialistes conservent un réservoir d’électeurs et que parmi les abstentionnistes, beaucoup avaient voté socialiste, mais là, ne sont pas venus.
Le second, c’est que Gilles Pargneaux et Dominique Baert, ce n’est pas pareil ! La relation locale, de confiance et de proximité est plus fondamentale que jamais dans l’élection.
Enfin, le troisième constat est rétrospectif : heureusement que j’ai été candidat aux législatives de 2012 ! Au vu de la capacité mobilisatrice du FN dans une expression protestataire, sans ma candidature, au deuxième tour, le candidat FN aurait été à Wattrelos très nettement devant le candidat vert, et le sort même de la circonscription aurait été tangent.
Je veux bien que mes détracteurs, aveuglés par leur animosité, le dénient mais la réalité politique des chiffres ne peut être contestée. Le meilleur rempart - le seul en l’état actuel - contre le FN, c’est Dominique Baert : ce n’est ni l’UMP, ni le Front de Gauche !
Je ne m’en réjouis, ne m’en satisfais pas car j’en mesure la responsabilité. Mais ceux qui n’ont pour quotidien et pour horizon que de m’attaquer sans cesse doivent aussi savoir quelle responsabilité ils prennent.