Volontiers lyrique et philosophique, en réunissant le Congrès à Versailles, le Président de la République a rempli son rôle de Chef de l’Etat : donner le cap ! Préciser les principes d’actions, et les méthodes. Il n’est pas le gouvernement du quotidien, il est celui qui dit où va aller la France.
D’entrée, il exprime : « Je veux vous parler du mandat que le peuple nous a donné, des institutions que j’entends changer ». Il insiste sur « ce simple amour de la patrie », « dont nous tirons la même impatience d’agir ». Il appelle à une « transformation résolue et profonde » : « ce qui nous est demandé c’est de renouer avec l’esprit de conquête » ; il y a « une impérieuse attente », « la volonté d’une alternance profonde ».
Il appelle aussi à « être fidèle à ce que le peuple français a voulu ». Quel est ce mandat ? Face au « déni de réalité », à « l’aveuglement face à un état d’urgence économique et sécuritaire » c’est un mandat exigeant et réaliste :
> « le mandat de la souveraineté de la nation ». « Les forces de la nouvelle aliénation sont extrêmement puissantes (division du travail avec le numérique, misère et pauvreté, contrainte financière, à la volonté d’autres pays, à la terreur islamiste, de notre avenir, de notre vie dans ce qu’elle a de plus quotidien).
> « le mandat du projet progressiste, d’un changement profond ». « Une France arrêtée s’affaisse, se divise ». « Elle est là notre mission historique », « elle est dévolue à tous, car chacun y a sa part ». « Le mandat du peuple est de rendre au peuple cette dignité collective qui ne s’accompagne d’aucune exclusion ».
> « le mandat de la confiance et de la transparence ». La loi de moralisation de la vie publique sera votée, mais après j’appelle à la retenue, au respect de la présomption d’innocence.
> « le mandat de la fidélité historique ». « Il n’appartient pas au pouvoir de décréter le roman national. Pour nous l’histoire de France doit prendre la forme d’une action résolue en faveur du meilleur, pour prendre les grands exemples du passé. C’est que nous appelons le progressisme : à chaque moment, discerner ce qui doit être amendé, rectifié, ce qui manque à la société, ce qui doit devenir plus juste parce que plus efficace, plus efficace parce que plus juste. La République est un idéal de liberté, d’égalité et de fraternité chaque jour resculpté à l’épreuve du réel. La seule cause qui vaille est celle de l’homme ! ».
« Nous n’avons pas devant nous 5 ans d’ajustements et de demi-mesures ! Les Français exigent la transformation profonde. Ne la redoutons pas, embrassons là ! Les réformes seront conduites, les engagements seront tenus ! ».
« Tout cela ne sera possible que si nous avons une République forte ». Pour cela, le Président entend modifier les institutions, selon 3 principes : l’efficacité, la représentativité, la responsabilité.
1) L’efficacité : c’est « rendre la priorité au résultat ; mettre un terme à la prolifération législative. Légiférer moins, et libérer du temps pour le contrôle et l’évaluation. Car voter la loi ne saurait être le premier et le dernier geste du Parlement ». Et le Président de réclamer « une évaluation de tous les textes importants menée dans les deux ans qui suivent son application ». Il préconise aussi que « la navette pourrait être simplifiée, ou voter la loi en commission ; tout cela peut être étudié, pour désormais le faire. Pour cela, il faut mettre en œuvre la réduction du nombre de parlementaires d’un tiers : ce n’est pas céder à l’antiparlementaire ambiant. Il y faudra une juste représentation des territoires ».
« Le Président doit fixer le sens du quinquennat : il revient au Premier Ministre de lui donner corps ».
« Le Premier Ministre consignera à chacun des ministres des objectifs clairs. La réduction à 10 du nombre de membres de Cabinets vise à rendre aux Directions d’Administration la connaissance directe de la politique qu’ils auront à mettre en oeuvre ».
2) La représentativité : « Il faut en finir avec la République du souffle court, de la routine. La réalité est plurielle. Je souhaite que ce renouvellement scelle le retour du débat. Je crois à la vertu du pluralisme. La représentativité reste un combat inachevé : le Parlement sera élu avec une dose de proportionnelle ; nous limiterons le cumul dans le temps pour les parlementaires ».
« Il est d’autres institutions que le temps de la République a figé : le CESER est de celles-ci. Il doit devenir la Chambre du futur où circuleront les forces vives de la nation, le carrefour des consultations publiques. Ce Conseil doit pouvoir devenir le forum de notre République ».
3) La responsabilité : « une activité parlementaire revivifiée, avec un cap clair, des débats mieux construits. Je souhaite la suppression de la Cour de Justice de la République, assurer l’indépendance pleine et entière de la justice avec un avis conforme du CSM pour toutes les nominations de magistrats ».
« Je souhaite que la totalité des réformes profondes soit adoptée d’ici 1 an, par référendum si nécessaire. Je veux une République contractuelle : la confiance accordée y va de pair avec les comptes qu’on rend ! »
« Quels sont les grands principes des actions que j’entends mener ?
- la recherche d’une liberté forte, pour émanciper nos concitoyens ;
- retrouver le socle de notre fraternité. Notre peuple est indivisible. Nous devons porter des « politiques de l’inclusion de tous : il n’y aura pas de réussite française si chacun n’y a pas sa place. Notre solidarité doit retrouver ses formes concrètes et face à la crise morale et de civilisation, nous devons savoir forger un imaginaire désirable où chacun trouvera sa place ».
- redonner place à l’intelligence française ;
- construire la paix : « La déflagration mondiale est pour les réalistes une hypothèse sérieuse. L’Europe est chez nous autant que nous sommes en Europe. Il revient à une génération nouvelle de dirigeants de reprendre l’idée européenne à son origine. Les pays de l’Europe doivent se ressaisir d’un projet décisif ! Il revient à la France de reprendre l’initiative » en lançant des conventions démocratiques. « La paix est encore l’idéal de l’Europe ».
« Le peuple français nous a fait connaitre ses volontés, nous en serons les serviteurs ». Avec un objectif qui guide tous les autres : « Faire à l’homme enfin un pays digne de lui ».